Bruno Krebs : L’île blanche

 
par Antoine Emaz

Depuis Raison perdue en 1996, Bruno Krebs poursuit son exploration de la vie en rêves. On notera l’évolution des sous-titres : « récits » pour les premiers livres, « fragments » ensuite, et pour cet ouvrage, « poésie ». Si le dispositif varie peu, une forme de bascule dès la première page à travers le miroir ou derrière les portes d’ivoire ou de corne, l’écriture bouge au fil des livres de la prose à une forme hybride de prose coupée ou de verset puis, ici, au vers libre assez long non ponctué. L’attention aux sonorités reste la même, mais cela entraîne un changement de rythme : d’une nonchalance souple, presque somnolente, comme ouatée, on passe à un rythme plus rapide, nerveux, parfois rugueux d’ellipses. Par contre, l’élan ne se dément pas sur deux cents pages : les séquences de rêve s’enchaînent avec des séparations à peine marquées, sans ordre perceptible (pas de dates ou de titres ou de chapitres…), dans une incohérence somme toute logique des lieux, des personnages, des situations. Le lecteur est embarqué avec le « je » dans une odyssée aux multiples trajets et aventures dramatiques ou loufoques, jouissives ou oppressantes. Une œuvre à part, solitaire, remarquable.




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Dessins de Monique Tello
L’Atelier contemporain
216 p., 20,00 €
couverture