Bruno Berchoud : Essais de voix sur les décombres

 
par Christophe Stolowicki

On a fait sauter une barre HLM, des voix s’élèvent sur les décombres. D’âmes crues. « La dynamite a écopé le ciel », nous retournant comme un ophtalmologue le blanc des yeux. « On s’écarquille un peu […] tout est plus nature que vrai. […] Il y a sous les décombres les prairies et les vaches, les clôtures et les chemins de terre. » Même la nostalgie a pris un coup de chiffon. Une infime gouaille, un imperceptible grasseyement de temps lu ne se paye pas de mots. Bruno Berchoud, des bombes lentes plein les poches, de big bang en long crunch nous promène dans la mémoire. Il a la note dure de Monk, abrégée sur un pan de suspens de néant où d’autres arpègent. Sous le plancher HLM court un autre parquet, séparés par un vide planétaire. À bourrades et bourrasques de calembredaines, rafales mitraille de prosimètre, des voix se répondent en anecdotes chaleureuses, douloureuses, sassées en poèmes solides, efficaces : du clairet voire de l’ambroisie sous des airs de gros rouge à couper au couteau¹. De la belle ouvrage, d’art brut et combien retournée la langue dans sa poche ventrale. Mais. Ce livre confraternel, compassionnel, façonné par l’éditeur avec un savoir faire artisanal, tient-il la promesse de son titre magnifique ?




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