Jean-Pierre Chambon : Tout venant

 
par Thibaud Coste

Devant le théâtre de la vie dans ce qu’elle a de plus anodine comme devant le spectacle du monde comme il va, rien ne semble venir et pourtant tout y fait événement. Pour Jean-Pierre Chambon, de la banalité même survient la possibilité d’une parole poétique qui s’éprouve au contact de ces micro-événements. Ceux-ci sont liés par une correspondance secrète que le poète se garde de révéler en tentant de les faire ressentir. C’est de la répétition que surgit l’événement que l’on appelle alors poème.

« Des tourbillons de neige cinglent les vitres
sur le trottoir des silhouettes pressent le pas
ce qu’en vain j’essaie d’écrire
prend la consistance de flocons
qu’une bourrasque déporte et éparpille
sur l’étendue de la page blanche »

Il transparaît à la lecture de Tout venant, une poésie soucieuse de simplicité ; d’une simplicité qui ne se joue pas tant au niveau de la langue que dans la volonté de saisir le singulier. C’est pourquoi, le poème est marqué par l’indéfini qui particularise en agglutinant image et sensation et généralise, tentant par-là de « parler au pluriel ». Un « je » quasiment effacé célèbre les mots et le monde en un lyrisme sans adresse qui semble rapprocher le chant de la prière.




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Héros-Limite
216 p., 18,00 €
couverture