Le livre du camp d’Aguila

 
par Alain Cressan

Aguila est un camp de déportation, en plein désert, où le pouvoir mussolinien enferma dans des conditions terribles les opposants à l’annexion de la Libye par l’Italie, jusqu’en 1934. Des 125 000 prisonniers, seul un tiers a survécu.

Le livre du camp d’Aguila est une suite de poèmes transmis oralement par leur auteur, Rajab Bou Houaiche Al-Mefni à Ibrahim Al-Ghomary, qui les écrivit. Témoignage des conditions de détention, dans leur horreur, chaque strophe débute par ce vers : « mon seul tourment », qui martèle la suite d’images du camp, des corps, des humiliations, des violences, de la mort, renforçant leur répétition, le quotidien muet des prisonniers, dans un mouvement qui évoque un dehors perdu, espoir d’une libération ramenant toujours au dedans, à l’enfermement : « où que nous tournions notre regard / pas d’issue ». L’ultime strophe est dédiée à la mémoire du héros de la résistance libyenne, Omar Al-Mokhtar, pendu en 1931 : mémoire et résistance, jusqu’au bout de ce texte remarquable et poignant.

L’édition complète le texte par deux témoignages : des extraits des Souvenirs d’Al-Ghomary – le scripteur du texte – et celui d’un rescapé du camp, enregistré en 2008, Abd Elshafi.




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Traduit et présenté par Kamal Ben Hameda
Elyzad
80 p., 12,50 €
couverture