Guillaume Chauvin : La vie russe entre Sibérie et aujourd’hui

 
par Chandramukhi

Parfois il y fait froid, un froid solide. Parfois on aura chaud à regretter le froid. Aller sur le motif. Être le témoin de scènes de rue, de ces émeutes sans personne, sinon des grands-mères au sac trop lourd. Ressentir cette violence sourde, les murs écaillés et ces femmes trop bien habillées vu l’état des trottoirs ou leur absence. Il y a beaucoup de photos posées, regards bien dans l’objectif, essayer de paraître au mieux, de donner le change, de ne pas se laisser surprendre, sur le vif. Un texte – manière de journal de voyage, bribes de dialogues, vignettes et anecdotes – accompagne le grand cahier photo. La Russie de passage. De belles trouvailles et on comprendra alors mieux comment le climat et l’environnement façonnent les caractères. Comment sourire est faire un don précieux. Comment le froid et l’odeur de choux sont des habitants comme les autres. Cela donne une grande bouffée d’air frais de trouver un tel livre ici. Les écrivains ne bougent plus assez. Redire la banalité et la fatigue des longs trajets laisse apparaître des figures étonnantes, rencontres de voyages, paroles où l’on s’abandonne au trajet sans fin. Il y a une blague russe qui dit : « Deux personnes sont dans le transsibérien, ça fait déjà plusieurs jours qu’ils se côtoient dans le wagon, alors l’un demande enfin à l’autre : – Hey, toi, t’étais qui avant le train ? » Et j’ai remarqué que l’humour russe ne faisait pas rire les Français. Je suis bien placée pour en parler.




Share on FacebookTweet about this on TwitterPin on PinterestShare on TumblrEmail this to someone
Allia
96 p. et cahier photos, 19,00 €
couverture