Marie-Anne Lescourret : Aby Warburg ou la tentation du regard

 
par René Noël

Marie-Anne Lescourret vient d’écrire la première biographie en français d’Aby Warburg1 qui a eu parmi ses disciples, Panofsky, le penseur de l’iconologie néo-platonicien. Inspiré par l’historien de l’art Aloïs Riegl2, Warburg opère un retour à l’image redevenue unité de base à une période de l’histoire où allégories et métaphores saturent, bientôt débordées par le règne de la quantité qui ruine significations et symbolismes des nombres. Cette position nouvelle des nombres, acteurs involontaires d’une déculturation, d’un effacement de l’histoire que le postmodernisme a, il y a encore peu de temps, favorisés, ne relève ni d’un relativisme, ni d’une idéologie affichés, mais d’une dépossession, d’une érosion continues et accélérées de leurs puissances créatrices. Warburg, se pensant responsable de la première guerre mondiale, lie son destin personnel à celui de la société, défié, poussé à renouveler les devenirs et persistances des visions génératrices de l’art. Une conférence élaborée sur les conseils de Ludwig Binswanger (psychiatre, initiateur de l’analyse existentielle inspirée par Husserl et l’un des amis les plus désintéressés de Freud) éclairant la civilisation des Hopis, le guérit de sa psychose. Il lie dès lors création, théorie et histoire, devient artiste de l’image.




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Hazan
448 p., 29,00 €
couverture

1. Dont les écrits principaux sont, Essais Florentins chez Klincksieck, le Rituel du serpent chez Macula, Miroirs de faille et Mnémosyne édités par Maurizio Ghelardi, Susanne Müller et Roland Recht chez l’Ecarquillé, Presses du réel.

2. Dont l’Industrie d’art romaine, livre capital pour l’histoire de l’art, vient d’être traduit et édité chez Macula.