par Monique Petillon
Poète, romancier, traducteur d’une cinquantaine d’ouvrages, Bernard Simeone (1957-2001) a fait connaître en France les poètes italiens de son temps, notamment Mario Luzi et Giorgio Caproni. Les éditions Verdier, où il avait co-fondé la collection de littérature italienne « Terra d’altri », ont rassemblé des textes où, citant L’Épreuve de l’étranger d’Antoine Berman, Bernard Simeone poursuit la réflexion sur la traduction littéraire. « On peut, écrit-il, soutenir que traduire réinvente la notion de “transmission”, à travers la révélation d’un “atelier infini” où écrire, lire et traduire sont lieux et instruments ».
Pour l’écriture de ses poèmes, la traduction a été un « catalyseur ». D’abord parce qu’une « lecture désirante » le pousse à choisir un texte lorsqu’il lui semble « en attente de traduction », susceptible de résonance dans l’autre langue. Mais aussi, étrangement, parce que le texte original, comme un garde-fou, endigue une « intensité parfois excessive » par laquelle il craint d’être submergé. Une poétique bouleversante et tourmentée s’exprime dans ces pages, entre un désir de « densité sans relâche » et le devoir d’incertitude que réclame une « véracité déchirante ».