Christian Doumet : La donation du monde

 
Par Régis Lefort

« Entrer dans un rythme ». Puis « se placer dans un état d’alerte extrême ». Le poème est une question d’idiome et « recré[e] sans fin la Création grâce à l’unique levier […], celui du vocabulaire et de sa mâche ». Ainsi le dit Christian Doumet dans ses essais. Il y a alors cette rêverie sur la grenade de La Donation du monde : « La terre est ronde comme une grenade ». Cinq jours et la grenade s’épate aux deux pôles : c’est « la Création du monde ». « Au sixième jour l’écorce fait parchemin » et le poète s’intéresse au fruit peint, sorte de vanité. C’est alors qu’il faut se souvenir qu’aux vanités en peinture font écho d’innombrables méditations littéraires et que les vanités, dans la composition allégorique qu’elles proposent, suggèrent que l’existence terrestre est vaine, la vie humaine précaire. Mais « elle importe cette mesure de l’illusion » à partir de la grenade, comme variation musicale. Le poète « nomme sublunaire [ce] monde dont [il est] devenu dépositaire ». Et même si la grenade n’est « qu’un fruit aride / qu’un astre moribond », le poème est né d’un texte de Rilke qui fait retour et la rêverie « sème ses légendes ». Le lecteur s’en empare et entre dans la reconnaissance.




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Obsidiane
64 p., 14,00 euros

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