Vladimir Maïakovski : Comment écrire des vers

 
Par Gérard-Georges Lemaire

En lisant ces pages écrites par Maïakovski en 1926, je me suis dit : c’est curieux, même sans connaître assez bien le russe, je ne retrouve pas l’esprit du poète. Il y a une raison à cela : il s’agit d’une adaptation. Comment peut-on adapter un poète de ce calibre ? En dehors de cela, ce petit texte est un compendium de sa pensée sur l’art poétique. Il rejette bien sûr la poésie du passé sans exception et brocarde ses ancêtres immédiats, les symbolistes. Puis il en vient à Sergueï Essenine, qui vient de se suicider. Il s’en sert un peu d’exemple tout en faisant un discours apologétique sur sa création. Le reste, c’est une vision d’un art nouveau, qu’il explique par le menu. Il jette au feu les vieux volumes de poétique et édicte les lois qui doivent s’appliquer aux vers modernes et révolutionnaires. Maïakovski semble vouloir encore radicaliser ce que les poètes de son temps ont tenté de faire. Il voit une sorte d’absolu, pur et dur, dans la composition poétique, qui doit faire voir les choses autrement et aussi les faire entendre comme on ne les a jamais entendues. En dépit de la surenchère que l’auteur fait dans ce petit traité, on devine toutes les subtilités qu’un poème de ce genre peut acquérir. Son intelligence et sa vivacité d’esprit lui permettent de jouer sur deux tableaux : l’obéissance aux règles du bolchevisme et l’imaginaire que ses règles à lui insinuent.


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Adaptation de Philippe Blanchon
La Nerthe
80 p., 10,00 €

couverture