Marie Huot : Osselets & mots sur la table

 
Par Michel Ménaché

Marie Huot1, de recueil en recueil, dit « la dure joie d’être » dans un monde où le vivant cultive sans prévention l’osmose et les métamorphoses par delà les espèces. L’auteur met en mots les éclats d’une mémoire qui emprunte à sa vie comme à tout le règne animal des sensations, des signes, des formes, des bruissements d’ailes qui esquissent une recomposition polyphonique du réel par la langue, refondent une mythologie intime, entre merveilleux et mélancolie.

Écrits à la demande de l’artiste Jacqueline Blewanus, les poèmes d’Osselets & mots sur la table accompagnent un étrange bestiaire bariolé de poils et de plumes. Et ces mots jetés sur la table, « sauvés du déluge », s’accouplent librement, croissent et multiplient, ouvrent les brèches par où défricher le monde : « Entre signe et trace / Ton souffle à travers / Toute la vie le vif. » Les fables de l’enfance mises en pièces, les comptines désarticulées se télescopent dans une jonglerie ludique qui reste en suspens sur une ellipse à décrypter puis glissent de l’union libre des mots à l’attraction des corps. Avec la légèreté de celle qui se risque à l’amour comme le petit chaperon rouge jouirait à jouer sa vie : « Je prendrai mon temps / Mon panier mon beurre / Pas hâte de me perdre / Dans ta faim de loup. »

Fraîcheur d’une poésie carnavalesque rythmée par la mélodie nostalgique des petites fugues…


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Peintures sur papier de Jacqueline Blewanus
Jacques Brémond
48 p., 25,00 €

couverture
                                   

1. Prix Vénus Khoury-Ghata de la poésie 2014.