Emmanuel Moses : Le Voyageur amoureux

 
Par Michel Ménaché

Prix Max Jacob 1993, Emmanuel Moses est à la fois romancier, poète et traducteur. Son dernier recueil mêle gravité et fantaisie dans des poèmes ponctués d’ellipses, tissés de notations faussement naïves, voire décalées, sur le mode du survol et de l’effleurement. Un rapport brouillé mais sensuel au monde se dessine dans des évocations impressionnistes qui échappent à la mémoire, perdent tout signe de reconnaissance, dérivent vers l’effacement : « je bois de la folie / […] Le parfum du corps bien aimé s’est dissipé / Un corps au pied duquel je serai poussière / Et désir de poussière. » La tentation du merveilleux perce parfois, avec une distanciation ironique, attire la complicité du lecteur : « Une étoile peut chanter / Je le sais / Il suffit de lui demander. » Certains de ces poèmes adoptent une structure de sonnets en vers libres, tel celui sur le cimetière de Roscoff dont le tercet final produit avec humour un effet de chute en trois aphorismes radicaux : « Le silence est la plus belle des langues / L’éternité est le plus beau des temps / Et le trou est le plus bel infini. » Le recueil s’achève par une prose insolite sur le refus de mourir, énigmatique, inspirée de Rilke et de la mythologie grecque…1


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Dessins de Liliane Klapisch
Al Manar
« Poésie »
88 p., 16,00 €

couverture
                                   

1. Également paru en 2014 : Emmanuel Moses, Sombre comme le temps, Gallimard.