Jean-Pierre Lemaire : Le pays derrière les larmes

 
par Régis Lefort

Les poèmes de ce recueil, tirés de plusieurs livres de Jean-Pierre Lemaire, présentent un « pays derrière les larmes » qui n’est autre que le poème. Là se font entendre une forme de polyphonie ou bien la nature dialogique d’une voix comme un « mascaret », voix parfois féminine, qui nous fait entrer en résonance. Dans sa préface, Jean-Marc Sourdillon ne note-t-il pas que c’est « lorsqu’il chante au féminin » que le poète procure l’effet le plus grand ? « Habillant de frais un corps sobre et lavé », cet être à « tête d’Orphée » convoque une parole par laquelle, malgré la présence au monde d’une « ombre », le poème œuvre « en vue d’un jour plus vaste et d’une plus intime réconciliation ». Ce pays d’au-delà, il souhaite le rejoindre en se tenant dans un mouvement d’avancée, d’errance et d’écoute pour la découverte du « secret modeste des lieux ». Dans les blancs du poème ou dans sa transparence, apparaissent tour à tour une enfance, une adolescence, « quelques mots réunis dans le cercle des lampes ». Quelque chose s’ouvre qui ne lâche plus le lecteur et le fait se tenir « au bord de [son] vide béant ». Peut-être le poème devient-il alors pour chacun ce « miroir natal » aux accents d’une expérience intérieure.




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Poèmes choisis
Préface de Jean-Marc Sourdillon
Gallimard
« Poésie »
386 p., 8,80 €
couverture