Guy Benoît : Ma mort, reconnaîtra (sans qu’on sache le versant)

 
par Jean-Luc Bayard

Vous êtes saisi dès les premiers mots qui, cinglants, vous interpellent :

« vous êtes mort ce matin
est-ce que la suite vous intéresse »

(alors on sait, version froide du Rêve d’un curieux, que la suite n’est pas du bavardage). La phrase est un chemin étroit, ligne de faille par où revient le bref, en rafale, ou, tel « l’arôme d’un sous-bois / entre les plis », l’intensité à vif de l’instant. Le rai de lumière sous la porte n’est plus qu’une ombre, la solitude s’y connaît, y trouve plus qu’une parole – une attitude.
Guy Benoît a publié une quinzaine d’ouvrages flash, dirigé une revue, qui porte le nom de l’enseigne qu’il a fondée (Mai hors saison, quinze numéros parus entre 1969 et 2008). Tout cela nous revient, par ces quelques mots :

« tonalités majeures
brouillées de routes et de périples
jusqu’à rendre l’âme

ce que nous mourons ensemble
assure la transition
 »

Des ombres dansent (Serge Sautreau, Serge Wallens, José Millas-Martin, salués à la dernière page) dans un silence tonitruant. Guy Viarre et Théo Lésoualc’h soufflent sur le feu. Un vent descend de la montagne, à réveiller le Grand Jeu.
Un petit livre est plus vaste que la vie qui le contient.




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Les Hauts-Fonds
88 p., 16,00 €
couverture